Un fait
préoccupant : La psychologie sociale flirte parfois
avec le viol de la dignité humaine. Aussi, les
chercheurs avaient pris plusieurs mesures de précaution
pour éviter les personnalités fragiles et ont assuré un
suivi psychologique serré des participants qu’ils
venaient de plonger dans une zone sombre de l’aventure
humaine. Mais seuls quelques-uns auraient ensuite dit
regretter leur participation à l'expérience, même si
elle constituait clairement une source de traumatisme
potentiel pour eux.
Il semble que
l’obéissance soit un réflexe naturel chez l’humain.
Soyons clairs, l’obéissance n’est pas un problème en
soi. Mais l’obéissance aveugle ou vile contre son âme
est une souffrance plus répandue qu’on ne le soupçonne.
Les gens doivent comprendre qu’ils sont constamment en
train d’obéir, sans avoir pour autant choisi leur
maître; et parfois même à des tyrans intérieurs. C’est
la soumission. Savoir ce que l’on sert et surtout
développer la force de notre propre volonté - voilà le
défi.
Les trop rares
individus libres qui ont su arbitrer leur conflit
intérieur en faveur de leur propre conscience ont
certainement des prédispositions pour la philosophie.
Les diverses philosophies traditionnelles pointent
toutes dans la direction d’un maître intérieur, une
conscience qui veille dans le for intérieur de l’homme
et avec laquelle il est possible de développer un lien
d’intimité, de confiance… et d’obéissance.
Celui qui apprend
à se connaître et à reconnaître son maître intérieur
n’est pas le pantin de la première autorité extérieure
venue.
En revanche, les
nouvelles « autorités morales » de notre société sont
soft et insidieuses. La popularité croissante des
jeux télévisés mettant en scène l’exclusion systématique
de tous les participants jusqu’au dernier n’est qu’un
des symptômes. Le besoin impérieux d’être normal, d’être
aimé et confirmé par les masses, d’atteindre le succès
et le confort personnel sont les nouveaux maîtres du
monde.
Le producteur Christophe Nick, a recruté 80 personnes, sous prétexte de tourner la version test d’un show de télé réalité devant public. Le jeu, Zone Xtreme, consistait pour les participants à administrer des « châtiments » sous forme de décharges électriques de plus en plus dangereuses à un sujet supposé apprendre et répéter une association de mots.
« Il est incontestable qu’au moment où ils signent le contrat, ils savent qu’ils sont dans l’éventualité de devoir être des agents d’exécution » affirme l’un des chercheurs, Jean-Léon Beauvois, professeur de psychologie sociale.
Précisons que les participants savaient qu’ils n’avaient rien à gagner, dans le cadre de l’émission pilote. Leur motivation n’était donc pas économique.
Ce documentaire est un « remake » de la fameuse
expérience de Milgram2, répétée depuis 1960 sous plusieurs variantes et qui vise à « analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet ».
Dans les années soixante, l’autorité avait été incarné par des scientifiques en
sarraux blanc. Mais Milgram a lui-même discuté des parallèles avec l’autorité militaire et ses dérives historiques comme la Shoah et certains événements particulièrement dégradants de la guerre du Vietnam.
Cette fois-ci, l’autorité était incarnée par la télé, sa charmante animatrice et son public.
Cette expérience met en œuvre différents principes psychologiques illustrés par Milgram qui mènent à la mise à mort (truquée) d’un être humain, cette fois-ci, en public et sous les projecteurs, pour fins de divertissement.
La déresponsabilisation : On rassure le participant en lui faisant sentir que quelqu’un d’autre prend la responsabilité de l’expérience. En même temps que sa responsabilité, le sujet perd son autonomie et devient « l’agent exécutif d’une volonté extérieure ». Combien d’occasions avons-nous de dire: « J’obéissais aux ordres… Je ne faisais que mon travail… C’est comme ça, je n’y peux rien… »
L’escalade de l’engagement : La situation est une sorte de piège pour l’égo. Au bout d’un moment, le sujet sent qu’il ne peut plus reculer : ce serait porter l’odieux d’admettre qu’il a eu tort d’aller jusque là. Cela explique comment il est parfois plus confortable de persister dans l’erreur que de corriger nos comportements néfastes. Les autorités publiques nous en ont montré un exemple retentissant dans la gestion de la crise de la grippe A (H1N1). Notons aussi que dans la vie de tous les jours, il est plus facile aux jeunes de se remettre en question. Les individus plus âgés qui, en vrais philosophes, arrivent à changer pour d’autres les principes qui ont guidé leurs actions dans la vie sont presque héroïques.
L’anxiété comme soupape : L’individu qui obéit à une autorité extérieure, en contradiction avec sa propre conscience expérimente un conflit et un malaise croissants qui comportent des risques de traumatisme. Pour rendre son comportement plus acceptable, il s’en dissocie en émettant des réserves, des soupirs, des rires nerveux et des critiques de plus en plus explicites. De même, nous sommes fréquemment en position critique face à la société dont nous mimons pourtant le comportement avec une obéissance déconcertante. Et l’anxiété collective ne va-t-elle pas en s’accroissant ?
Le conformisme renforce la soumission : Dans la Zone Xtreme, le public clame et réclame :
« Châtiment ! ». La mise en scène du plateau de tournage et l’aspect public laisse croire que « Ça ne peut pas être si mal que je le ressent ».
D’autres expériences connues3 ont montré l’impact immense du désir des personnes d’éviter les conflits et de rechercher l’approbation générale. Combien de fois choisissons-nous de dire ou de faire comme tout le monde pour éviter le rejet ou l’affrontement ?
L’autorité change de forme mais au fond la soumission n’est pas disparue. Le professeur Beauvois commente :
«Avant il y avait la masse des fidèles, il y a eu la masse des travailleurs, la masse des soldats… … là il y a cette masse d’individus télé-visualisés parce qu’ils ont été fabriqués à la même enseigne, par les mêmes pubs … et cette masse est une masse gérée, au niveau des pensées, des attitudes et des comportements. Bien j’appelle ça un totalitarisme. Il est tranquille parce qu’on ne nous tape pas sur la gueule et qu’on ne nous met pas en prison. Voilà ». Dans les années soixante, soumis à l’autorité scientifique, 65% des sujets sont allés au bout de l’expérience. Cette semaine, 80% des participants sont allé jusqu’à tuer devant public pour une autre forme d’autorité.
En ce qui concerne les OGM, nous
avons déjà justifié,
dans un précédent article, notre intérêt particulier
envers Monsanto par le fait qu’ils produisent 90% des
semences OGM dans le monde. Nous avons aussi illustré le
caractère philosophique de la problématique OGM dans un
article intitulé
L’amarante réfléchie, Monsanto aussi. Ce n’est pas
que nous souhaitions nous acharner contre une
corporation plutôt qu’une autre, mais nous avons de la
suite dans les idées…
Les marchands de semences OGM
ont soigneusement entretenu l’invraisemblable mythe de «
l’équivalence en substance » qui n’a d’égal dans
l’imaginaire moderne que celui de la puissante « Main
Invisible » assurant la cohérence de notre système
économique. Selon la légende racontée par
l’agrobusiness, il n’y aurait pas de différence
significative entre, par exemple, le maïs naturel et les
variétés de maïs dont on a modifié les gènes. Par un
curieux tour de magie, on aurait permis que les maïs MON
810 et MON 863 synthétisent d’eux-mêmes une toxine BT
tuant les insectes qui les mangent, mais sans nuire au
humains qui les retrouvent dans la chaîne alimentaire.
On apprend dans cette nouvelle
que : «Des tests confidentiels de la multinationale,
qui ont mené à la mise en marché de ces produits, ont
été contre expertisés par des chercheurs du Comité de
recherche et d'informations indépendantes sur le génie
génétique (CRIIGEN) et des universités de Caen et de
Rouen. Les chercheurs français estiment que ces OGM ne
sont pas assez sécuritaires pour être commercialisés.
Les effets secondaires liés à leur consommation
incluraient une toxicité sur le foie et les reins. La
contre analyse met également en lumière d'autres effets
sur le coeur, les glandes surrénales, les cellules
sanguines et la rate des mammifères. »
Nous nous indignons, avec le
CRIIGEN, du fait que les autorisations de mise en marché
de la plupart des pays soient encore aujourd’hui basées
sur les tests truqués des producteurs eux-mêmes.
Vous est-il déjà arrivé d’être
tenté de cacher une partie de la vérité lorsque cela
vous était commode?
Et croyez-vous que les
multinationales de l’agrobusiness ne cèdent pas à cette
tentation?
-Youri Pinard
Le 26 novembre 2008, un homme de 34 ans a fait face à un destin tragique qui mérite qu’un an plus tard on prenne une minute de réflexion en sa mémoire.
Rest in peace, héros de l’absurde…
L’histoire se résume comme suit :
Un employé de Wal Mart a été piétiné à mort par une foule assoiffée d’aubaines à l’ouverture d’un magasin pour le Black Friday, la traditionnelle journée de solde qui suit Thanksgiving aux États-Unis.
La foule aurait littéralement enfoncé la porte juste au moment ou l’employé allait l’ouvrir. Les employés qui ont tenté de lui porter secours ont eux aussi été mis à mal. On a rapporté 4 autres blessés dont une femme enceinte de 28 ans.
Comme c’était la faute de tout le monde, personne ne se sentait coupable et l’orgie de magasinage a pu durer jusqu’à ce que la police ferme le magasin. Personne, individuellement, n’était prêt à tuer pour un GPS à 97$, mais ensemble, ils l’ont fait. Faut-il y voir un signe de l’aliénation des masses?
Cette année, les médias nous informent qu’il y a eu encore plus de monde à se bousculer dans les grandes surfaces lors du Black Friday. C’est structurel, notre société massifiée rêve d’un Boxing Day perpétuel.
Face à ces événements, chacun est horrifié et se dit qu’il n’aurait jamais pu prendre part à cette ruée avide aux bas prix. Mais force est de constater que nous vivons l’époque de l’homme-masse et qu’il est difficile de s’en extraire.
Ces événements de folie collective sont des symptômes, des caricatures évocatrices d’un mal être plus diffus. Combien d’autres occasions bien plus insidieuses, politiquement correctes et plus propres avons-nous de faire partie de la masse?
La masse n’a pas de sens, pas de conscience. Elle n’a que des désirs. Elle est la somme exacerbée de tous nos égoïsmes. La masse nivelle par le bas.
Est-il possible de penser une collectivité élevante? Une collectivité qui donne à chacun le désir puissant de donner le meilleur de soi? C’est possible avec un Idéal élevé.
Dans une société qui n’a pas d’idéal transcendant, chaque fois qu’on attend de voir comment les autres vont se comporter avant de prendre parti, chaque fois qu’on va vers où souffle le vent, chaque fois qu’on se sent à l’aise parce qu’on est normal, on risque l’abrutissement.
Et vous, jusqu’ou iriez-vous pour économiser un dollar?
-Youri Pinard
La grève de la faim de Jacques
Diouf aura laissé les chefs des pays riches indifférents.
En effet, le directeur général de l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO), Jacques Diouf, avait posé ce geste symbolique de
24 heures pour attirer l’attention des chefs d’état.
Or, aucun des chefs d’État du G8 ne s’est présenté au
Sommet et la
plupart des chefs des pays riches brillaient par leur
absence.
Toutes les six secondes, un enfant meurt de faim ou
d’une maladie apparentée, selon la FAO.
"Nous disposons des moyens techniques et des ressources
pour éliminer la faim dans le monde. C'est donc
désormais une question de volonté politique, [une
volonté qui] est influencée par l'opinion publique",
affirme Jacques Diouf.
Tant que les chefs d’état se feront représenter dans ce
genre de sommet par leurs ministres de l’agriculture,
les débats resteront strictement techniques alors qu’il
s’agit d’un problème de destinée humaine.
Aujourd’hui, la journaliste de Radio Canada,
Pauline Vanasse a joint Olivier de Schutter, le
rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à
l'alimentation, pour dresser un bilan de cette rencontre
consacrée à la gestion des crises alimentaires.
Voici en gros ce
qu’il en ressort :
Aucun engagement
nouveau ni avancement sur les engagements
précédents. Un sentiment d’échec domine la plupart
des observateurs.
La production de
bio carburant au détriment de l’alimentation demeure
un sujet tabou.
On ne parle pas
assez du rôle des multinationales de l’alimentation
dans les crises alimentaires.
Toutes les
conditions sont réunies pour l’apparition d’une
nouvelle crise alimentaire qui touchera plus
directement les pays pauvres.
La terre
appartient de plus en plus à des intérêts privés.
Son exploitation en monoculture vise surtout
l’exportation vers les pays riches (café, coton,
cacao, etc.). Alors que les pays pauvres ont négligé
les productions destinées à nourrir leur population
(sorgo, millet, manioc, etc.)
Une question demeure.
Et cette question fondamentale s’impose au philosophe
lorsqu’il se penche sur plusieurs problèmes de notre
époque, que ce soit l’eau, l’alimentation, l’éducation,
la justice sociale, etc.
Lorsqu’il est question de bâtir un monde meilleur,
pouvons-nous encore, au 21ème siècle, espérer quoi que
ce soit des lois du marché et de ceux qui s’accommodent
bien du statu quo? En d’autres mots, pouvons-nous
vraiment bâtir un monde nouveau avec des matériaux
idéologiques périmés?
-Youri Pinard
Le 17 octobre dernier se tenait à l’Université Laval un colloque international de théologie sous l’égide de la revue La Chair et le Souffle. Le thème : « Que faire de la fragilité dans une société compétitive ». Jean Bédard, philosophe et intervenant social, y prononçait une conférence intitulée : Richesse oubliée. Nous relayons ici, à notre façon, certains des ses propos qui nous rejoignent sur l’exclusion sociale.
Pour résumer en trop peu de mots, la société souffre d’une maladie mortelle qui se nomme exclusion. L’exclu est un symptôme qu’on refuse de voir. On le cache, on le refoule. On nourrit le préjugé faux que ce sont les faibles, les dysfonctionnels, les tarés qui sont exclus. Pour Jean Bédard, nous excluons précisément ceux dont le malaise devrait nous faire réfléchir, ceux qui portent un remède, un message. On tue les messagers.
Comme toutes les sociétés fondées sur l’expansion et la domination, la nôtre fonctionne avec une logique de l’exclusion. Le concept de sélection est roi, tel qu’en témoignent de nombreuses émissions de télé réalité où l’élimination progressive de tous les participants désigne le vainqueur le plus populaire. À la fin, tout le monde est exclu. Et la peur du rejet est le carburant ultime de toutes les séductions et de toutes les violences. Est-ce là la société que nous souhaitons?
Il existe dans les morgues des cendres oubliées; celles de ces exclus dont l’État a administré les cadavres, mais qu’aucun ami ne réclame. Existe-t-il donc des personnes qui ne valent même plus d’avoir leur propre sépulture? Qu’est ce donc qui donne de la valeur aux êtres?
La valeur d’être est la seule qui soit théoriquement
inconditionnelle et sacrée. Théoriquement car lorsque
vous avez perdu le sentiment d’être utile, de valoir la
peine, d’être une source de joie pour quelqu’un, d’avoir
quelque influence, lorsque vous semblez avoir perdu toute valeur économique et que vous avez l’impression que personne ne se souviendra de vous… Lorsque vous pensez pouvoir mourir sans que personne ne s’en soucie et que vous avez raison, le taux d’angoisse augmente naturellement. Or toutes ces autres valeurs, relatives, nous pouvons chacun d’entre nous les perdre. C’est donc toute une société qui angoisse.
Pour compenser, nous avons besoin d’être quelqu’un, d’avoir un statut. Il y a deux types de compensations, soit : je domine un certain nombre de personnes, par la hiérarchisation ou par la compétition; donc je suis. Soit: Je suis terriblement dominé et sacrifié sur l’hôtel de la société; donc je suis.
Évidemment, Jean Bédard a de l’espoir, considérant que la société a rendez-vous avec la nécessité. La société de l’avenir est forcément une société de coopération car la société de la compétition n’a écologiquement et humainement plus d’avenir. Les valeurs comme la fraternité ne sont plus le crémage sur un beau gâteau moral. Elles sont les conditions de survie de l’humanité.
Que faire de la fragilité dans une société compétitive? Tel était le thème du colloque international de théologie et de spiritualité, qui se tenait le 17 octobre, à l’Université Laval, sous l’égide de la revue La Chair et le Souffle.
L’un des conférenciers invité, a proposé une réflexion fort lucide sur la fragilité du dialogue dans uns société compétitive. S’inspirant de Platon, Jean-François Malherbe a souligné des pré-requis sans lesquels le dialogue semble improbable. Selon lui, Socrate serait à la source de la première théorie du dialogue.
Reprenant habilement des extraits du Gorgias dans lesquels Socrate parle du dialogue lui-même, ou la communication entre deux intelligences, Malherbe résume en sept points ces conditions du dialogue que notre société semble fragiliser.
Le dialogue :
Est une recherche commune entre deux être authentiques.
Suppose la bienveillance mutuelle.
Implique que chacun parle à son tour et ne se défile pas. Remarque : Notre société privilégie le pouvoir lui-même que l’autorité morale. Il en résulte une tendance dans le discours à négliger la cohérence et la sincérité pour chercher d’avantage ce qu’il faut dire pour plaire ou pour obtenir ce qu’on désire.
Consiste à chercher un accord. Vraisemblablement, on chemine en se mettant d’accord sur nos points précis de désaccord. Intolérante à la fragilité, la société obsédée par la recherche d’une vérité politiquement correcte, nationalisable et exportable, cherche des accords prématurés en survalorisant le consensus.
N’est possible qu’entre des experts, au sens Socratique. C'est-à-dire des gens lucides sur la valeur et les limites de leurs propres connaissances.
Avance par la réfutation plus que par la confirmation. La pensée unique inhibe la recherche. Or pour accepter de voir ses opinions réfutées, fragilisées, l’individu doit avoir suffisamment d’humilité pour ne pas s’identifier totalement à ses opinions.
N’est possible qu’entre personnes qui préfèrent subir l’injustice plutôt que de la commettre. Le dialogue exige le pardon immédiat des propos qui nous auraient offensés. Sans cette vertu, la contre-attaque romprait le charme et la communication tomberait au niveau animal de la lutte pour la survie des personnalités.
Le dialogue apparait donc comme un chemin fragile. Pour parcourir ce chemin, l’égo doit accepter volontairement d’assumer sa propre fragilité.
Paradoxalement, il faut pour cela que l’individu ait une certaine force intérieure, comme une confiance favorisée par sa propre authenticité. Sans cette force intérieure qui n’exclut pas la fragilité, les hommes manipulent, dominent ou se soumettent; mais jamais ne dialoguent.
L’entrevue d’embauche se veut un moment court et intense destiné à mieux connaître une personne. Généralement, un CV en dit assez long sur vos expériences, compétences et formations académiques. L’interlocuteur avisé saura très vite confirmer la véracité de ces allégations par quelques questions directes ou non, le reste des vérifications se fera avec la prise de références et les enquêtes d’usage...
La vrai raison d’être d’une entrevue, et la partie la plus difficile, c’est la rencontre de qui vous êtes. Ce qui intéresse l’interlocuteur, ce sont l’attitude, le type d’énergie, les valeurs, le tempérament, les aspirations du candidat et sa façon de se relier aux autres et aux situations. Évidemment, moins le candidat se connaît lui-même, moins il saura comment se faire connaître.
Que cherchent les employeurs chez un candidat? Les mêmes choses que les époux, les amis, les parents, les enfants cherchent chez un être humain, c'est-à-dire :
Transparence : Personne n’aime sentir qu’on lui dit ce qu’il désir entendre. À plus forte raison lors d’une entrevue. Il faut savoir être authentique sans toutefois tomber dans le piège de la confession.
Responsabilité : Le candidat qui arrive en retard avec une justification en or et qui explique ses éventuelles difficultés professionnelles par l’incompétence des autres se discrédite au plus haut point. On a tous besoin de quelqu’un sur qui compter. Vous êtes de ceux-là oui ou non?
Savoir faire face aux épreuves : Tout le monde fait des erreurs, tout le monde vit des épreuves. C’est dans les situations imprévues ou inconfortables que le vernis de la fausse personnalité craque. Trop de gens cessent de communiquer, et perdent tout sens du respect et de l’honneur lorsqu’ils sortent de leur zone de confort. Ceux qui allient connaissance de soi et confiance en soi ont généralement l’habitude de se mettre eux-mêmes à l’épreuve parce qu’ils cherchent à s’améliorer. Ces candidats font des leaders naturels très appréciés dans les temps difficiles.
Quelles sont les attitudes et comportements qui éliminent beaucoup de candidats :
L’égocentrisme : Certaines personnes s’attribuent tout le mérite pour des accomplissements qui reviennent à une équipe.
La discourtoisie : Il est vrai que l’usage du vouvoiement est en péril. Mais tutoyer l’intervieweur est à priori une grave erreur. Il en va de même si on l’interrompt constamment ou si on ne lui laisse pas conduire l’entrevue.
L’éparpillement : L’interlocuteur s’attend à des réponses qui répondent. Si le candidat ne s’arrête plus de parler, mais qu’il n’a toujours pas répondu à la question, il donne l’impression d’une personne qui manque à la fois de discernement et de concentration.
Brûler les ponts : L’utilitarisme a conquis la sphère relationnelle. Cela signifie qu’on a de plus en plus instrumentalisé toutes les relations. Couple, affaire, emploi, enfants : on traite l’autre avec considération dans la mesure où l’on perçoit qu’il sert à quelque chose. De plus en plus de gens tournent le dos de manière grossière, unilatérale et sans dialogue dès qu’ils ont l’impression qu’une opportunité n’aboutira pas à la récompense attendue: ils brûlent les ponts.
Pour conclure, le développement professionnel requiert des expériences et compétences objectives, mais ce sont les aptitudes humaines, ce qu’on appelle communément le savoir être, qui feront la différence.
La Grande Soif. Le 5 septembre, la télé de Radio-Canada lançait sa série documentaire de 10 épisodes sur les enjeux auxquels le Canada doit faire face en matière d’eau.
Autrefois réservée à la science fiction, la guerre de l’eau est à nos portes.
« Déjà, plus de la moitié des gens des pays en développement souffrent d'au moins une des six principales maladies associées à l'eau, qui tuent, chaque année, plus de cinq millions de personnes, dont près de onze mille enfants tous les jours, soit trois à quatre fois le nombre de victimes des attentats du World Trade Center! »
1
Pénurie, difficulté d’accès, mauvaise qualité, pollution : l’eau souffre en silence de tous les maux. Et dans un pays où l’on perçoit l’abondance, elle n’a pas encore obtenu l’attention politique qu’elle mérite. Plus qu’une législation défaillante, c’est une réflexion de société qui n’a pas encore eu lieu au Québec et au Canada.
Au niveau international, « les États ont convenu, au sommet de Johannesburg (2002), de donner à la moitié des populations qui en sont privées un accès à l'eau potable et aux services sanitaires de base d'ici 2015, mais cela s'est fait au prix de la
non-reconnaissance du droit humain fondamental qu'est un accès à l'eau, contribuant ainsi à transformer ce bien commun en marchandise au profit du cartel de l'eau. »
2
Du fait du caractère insubstituable de l’eau et de sa nature sans frontière, il faudra bien partager. Or le ferons-nous dans une logique marchande ou dans une logique de bien commun ? Tout est là.
Certains font confiance à la main invisible du marché pour répartir cette richesse selon sa juste valeur à ceux qui pourront se la payer, et comptent, comme toujours, sur « l’effet de ruissellement ».
Au Québec, certains proposent la nationalisation de l’eau, afin de permettre un commerce qui respecte avant tout les besoins des Québécois. On comprend rapidement qu’ils considèrent l’eau comme une ressource économique.
D’autres enfin, certainement plus sages, comme Ricardo Petrella et les signataires du Manifeste de l’eau, invitent le monde entier à déclarer l’eau bien commun de l’humanité.
Mais saurons-nous comment faire ? L’humain est-il trop territorial et trop économique pour partager une grâce irremplaçable comme l’eau ? Le défi est séduisant : L’eau, qui risque de devenir l’un des principaux objets de conflit, pourrait aussi être l’un des plus grands exercices de fraternité de l’histoire humaine.
Si nous arrivons à sortir l’eau des griffes de la logique marchande et à nous y relier dans une logique fraternelle nous aurons une véritable mesure de ce que la civilisation peut apporter. Ce serait le début d’une toute nouvelle sorte de mondialisation…
Le déclin des puits de production de pétrole est bien amorcé et il est beaucoup plus rapide qu’anticipé. L’Agence internationale de l’énergie (AIE), seule conseillère respectée des gouvernements du G8, admet aujourd’hui son excès d’optimisme.
Lors d’une interview accordée au quotidien britannique « The Independent », Fatih Birol, l’économiste en chef de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), a fait part de son inquiétude sur les capacités futures de la production pétrolière mondiale.
Selon ses propos, l’Agence aurait largement sous-estimé la baisse de la production de nombreux champs de pétrole. Si la production mondiale repose actuellement sur quelque 70 000 champs, les trois quarts de cette production proviennent de seulement 800 champs dont la plupart ont déjà atteint leur pic de production. D’après une étude récente de l’Agence, le déclin des puits qui avait été estimé en 2007 à 3,7 % par an, serait en fait de 6,7 % par an.
Curieusement cette nouvelle ne fait pas la une des médias - bien qu’elle présage à court terme une catastrophe imminente d’ampleur mondiale pour les pays industrialisés, dont l’impact sera à la mesure de notre déni et de notre manque de préparation pour cette pénurie généralisée de pétrole.
Lors de cette interview, Fatih Birol s’inquiète d’une future remontée brutale des prix du pétrole pouvant remettre en cause la sortie de la crise économique mondiale.
Mais le déni et la désinformation de masse qui étouffent encore même les nouvelles prioritaires et officiellement reconnues, ne sont-elles pas l’expression d’une nouvelle inquisition impitoyable soutenue par la majorité des populations programmées aux croyances matérialistes condamnant tout écart à la pensée conventionnelle consommatrice ?
Lueur d’espoir ? Une vie philosophique à la manière classique fondée dans les principes vivants des lois de la nature. Notre avenir réside dans notre capacité d’anticiper avec intelligence les conséquences de l’épuisement de la ressource afin d’y faire face et de s’adapter aux changements inévitables par de nouveaux modes de vie.
Notre siècle s'est ouvert sur une réduction de
l'écriture à ses fonctions utilitaires les plus simples,
soit "communiquer des informations" et "exprimer son
avis".
Comme l'écrit Michel Ribon dans Mystères et magie de
l'écriture, l'écriture a d'autres fonctions beaucoup
plus complexes: "…la plus belle œuvre, la plus
attachante, est celle qui, malgré la clarté et la
limpidité de son langage, garde longtemps dans sa
profondeur son secret."
Plus qu'une mode, c'est une mentalité de l'instantanéité
qui tend à limiter le champ d'expression de l'écrit aux
abréviations cryptiques des textos et aux 140 caractères
de Twitter. C'est aussi une relation difficile avec les
règles de l'écriture qui ronge tout respect de
l'orthographe, de la grammaire et de la morphosyntaxe –
qui constituent le code de base pour que l'on se
comprenne.
L'origine de nos problèmes – quels qu'ils soient - est à
chercher dans les mentalités et non dans les moyens
techniques. Les auteurs classiques n'avaient par exemple
pas la centième partie des moyens dont nous disposons.
Ils ont pourtant pu réaliser dans tous les domaines des
chefs-d'œuvre qui nous éblouissent encore.
Pour s'exprimer par l'écriture, il faut d'abord que l'on
ait trouvé une "voix" en soi. Bien écrire va donc être
possible pour ceux qui, en plus d'une vie active dans le
monde externe, ont une vie intérieure développée et bien
réelle.
La tendance actuelle est à l'atrophie de la vie
intérieure et à l'hypertrophie de la vie mondaine.
Qui aujourd'hui s'offre encore des moments de solitude,
de silence, en somme de cette hygiène essentielle de
l'âme? N'avons-nous pas donné trop d'importance aux
interruptions de la vie mondaine - ceux des téléphones
mobiles, des courriels, des iPods - dans les rares
moments qui pourraient encore être nôtres?
Qui aujourd'hui résiste à la précipitation du monde pour
prendre le temps de bien écrire, tel un artisan qui
repasse mille et une fois sur son œuvre, se
perfectionnant lui-même dans une symbiose croissante
avec la substance qu'il travaille?
Pour bien écrire, il faut en outre se cultiver. L'ère de l'accessibilité instantanée
aux
données ne nous a pas apporté plus de culture. Cette
dernière s'acquière par un lent processus
d'approfondissement des connaissances. Il ne suffit pas
de disposer d'un savoir encyclopédique pour être
cultivé. Il faut que le savoir ait des racines en
nous-même et que de ces racines pousse un "arbre de la
connaissance" dans le cœur, siège de toute connaissance
véritable.
Bien écrire n'est ni un luxe, ni inutile. C'est rendre
accessible le meilleur de soi. C'est vouloir changer le
monde. Dans les mots de Michel Ribon: "...écrire pour
l'époque n'est pas refléter de façon passive la réalité
de ses situations qui font problème, c'est vouloir
dépasser celles-ci vers l'avenir: c'est cet effort pour
changer l'époque qui installe l'écrivain, ainsi engagé
profondément en elle."
L’alarme concernant la disparition des abeilles sonne déjà depuis 10 ans. Sous prétexte qu’on ne comprenait pas vraiment la cause de leur mort, le problème a été étudié avec peu de continuité pendant les dernières années et surtout sans aucune volonté politique et appui de la part des dirigeants pour minimiser les dégâts. Si bien qu’aujourd’hui, la situation s’est répandue à travers le monde et devient des plus dramatiques nous disent les chercheurs.
Prendre soin des abeilles, c’est prendre soin de tous les arbres fruitiers, en fait de toute la chaîne végétale, animale et par conséquent humaine. Einstein avait déjà mentionné que la disparition de l’abeille signifiait la disparition de l’être humain.
En réaction à la disparition des abeilles dans des régions entières, les apiculteurs ont commencé à se promener avec leurs ruches pour fertiliser les récoltes. Ce qui s’est avéré à court terme très lucratif pour les apiculteurs s’est révélé mortel pour les abeilles. Les transporteurs de ruches ont vu eux aussi, leurs colonies s’effondrer.
Les laboratoires d’experts qui se sont penchés sur la question ont trouvé que les abeilles souffraient du syndrome de déficience immunitaire (SIDA). Ce résultat a été jugé inacceptable par l’industrie qui cherche à trouver une maladie en cause afin de développer un vaccin encore une fois très lucratif pour « aider » les abeilles. Ce vaccin serait une combinaison de pollen de culture et de sirop de maïs génétiquement modifié.
Tant que la solution est dictée par le lucre, il n’y a pas d’avenir pour les abeilles et d’espoir pour l’être humain de renverser la vapeur. Tant qu’on enseigne aux agronomes et agrochimistes que la nature est primitive et sans intelligence, que le fait que les abeilles butinent 40% des productions agricoles est insignifiant et que tout ceci peut être remplacé par des technologies OGM, loin d’apporter des solutions durables on s’enfonce dans une spirale de déséquilibre qui dévaste la vie sur son passage.
Dix ans plus tard, le problème perdure. Maintenant en Chine les abeilles ont disparu sur de vastes territoires agricoles suite à l’utilisation intense des pesticides. Aujourd’hui les fermiers chinois se tournent vers leur gouvernement pour une solution. On leur dit de fertiliser leurs champs eux-mêmes. On peut voir des dizaines de milliers de fermiers grimper sur des échelles et plume à la main fertiliser les fleurs des poiriers pour assurer la récolte des fruits.
Si le 21 juin annonce le commencement de l’été, il marque aussi le dixième anniversaire de la Journée Nationale des Autochtones.
Une journée pour faire entendre le tambour des Premières Nations et partager la richesse des traditions ancestrales c’est peu. C’est peu pour réapprendre à voir la beauté de la Terre sur laquelle nous vivons et honorer la mémoire des hommes et des femmes qui ont vécu avant nous.
La transmission des connaissances liées au cycle des saisons a de tout temps été au cœur de la compréhension du monde des Premières Nations. Leurs traditions transmises par les chants, les rites et les danses sacrées leur ont permis de préserver pendant des millénaires des cultures en harmonie avec la Nature.
Pour la tradition amérindienne comme pour toutes les traditions fondées sur une compréhension des lois de la Nature, le Solstice d’été a toujours symbolisé la célébration de la marche des hommes sur la Terre, la célébration des efforts et des œuvres humaines pour atteindre la fraternité.
Leur sagesse témoigne d'une tradition ancestrale fondée sur la communication avec le monde invisible. Les cosmogonies autochtones racontent les pouvoirs de l'esprit qui s’expriment dans tous les aspects de la création : animaux, minéraux, végétaux, montagnes, rivières et ciel. Tout ce qui existe dans la création est expression de la vie une.
Mais alors que nous ne savons plus vivre en harmonie avec la Nature et que nous faisons face à la fragilité de notre habitat, plus que jamais l’instinct de survie nous amène à reconnaître le lien essentiel qui nous unit aux autres espèces de la création.
Plus que jamais la mémoire des anciens apparaît comme la voie nécessaire pour retrouver le sentier d’évolution de l’humanité. Les peuples premiers et leurs cultures deviennent ainsi les phares d’un monde meilleur qui rappellent au son du tambour le battement de cœur de la vie elle-même.
Une nouvelle publiée notamment sur Futura-Science titre « OGM : la menace des super mauvaises herbes s’amplifie ». On peut y lire que « 5000 hectares de culture de soja transgénique ont été abandonnés par les agriculteurs en Géorgie [USA], et 50 000 autres sont gravement menacés par une mauvaise herbe impossible à éliminer, tandis que le phénomène s'étend à d'autres états. La cause : un gène de résistance aux herbicides ayant apparemment fait le grand bond entre la graine qu’il est censé protéger et l’amarante [réfléchie], une plante à la fois indésirable et envahissante… » Remarquez qu’elle est tout de même comestible…
La Philosophie indienne classique distingue généralement deux « mentals». Le plus subtile,
« Manas », est le siège de l’intelligence profonde qui peut voir les choses telles qu’elles sont, dans leur complexité et leur harmonie sous-jacente.
L’autre est vu comme le petit mental, ou « Kama Manas », littéralement : le Mental de Désir. C’est cette fonction organisatrice, calculatrice qui nous permet de trouver les moyens efficaces d’arriver à nos fins. Ce mental instrumental, plus proche de ce que nos contemporains ont coutume d’appeler la raison, comporte aussi une puissante faculté spéculative et d’abstraction qui promettait à l’homme de comprendre et dominer les lois de la matière.
Par un curieux glissement, notre civilisation est devenue celle de la raison instrumentale (dépassant certainement toutes les autres avant elle, de ce point de vue). En bref, c’est la civilisation Kama-Manas. Cela ne va pas sans risque, car le mental de désir tend naturellement à déformer la réalité pour s’en donner une vision plus commode.
C’est ainsi que les industriels ont pu vendre l’idée des cultures génétiquement modifiées (OGM). Plus d’argent, moins de travail et aucun risque. Telle était leur alléchante promesse. Certains scientifiques prétendaient que "Les mutations qui confèrent la résistance au glyphosate sont tellement complexes qu'elles ne sont pas susceptibles d'être copiées par la nature". Or, la nature n’a mis que 12 ans à relever le défi en prouvant le contraire de façon magistrale!
Qu’en dit Monsanto? Alors que le désormais désuet glyphosate a prouvé sa toxicité sur l’homme, on nous promet un Roundup 2, à base de dicamba, moins efficace par dose, mais plus toxique…
Un bon exemple de la « course en avant » généralisée qui s’accélère. Et les solutions ne sont pas dans le petit mental. Pensez-y…
mystère. » clame merveilleusement bien le narrateur dans le film Home véritable hymne d’amour à la Terre.
Si le film de Yann Arthus-Bertrand est une célébration de la beauté de notre planète par ses images d’une nature saisissante, le message d’urgence face à la dégradation accélérée et tragique de notre monde est quant à lui un manifeste qui s’adresse au cœur, à la conscience et à l’intelligence de l’humanité.
20% de la population de la Terre consomme 80% des richesses du monde rappelle le photographe devenu cinéaste pour les besoins urgents de la cause. Nous le savons, mais en mesurons-nous la portée?
La vie sur Terre a pris des milliards d’années à se développer pour arriver à la complexité que nous lui connaissons et en l’espace de 50 ans, nous avons rompu cet équilibre. « Nous sommes en train de casser le cycle de vie qui nous était donné. » pourra-t-on entendre dans une narration juste d’un film bien documenté.
« Tout s’accélère » scande le narrateur alors que l’impact de l’action humaine sur l’environnement est de plus en plus dramatique. Nous savons cette vérité, mais nous ne voulons pas y croire. Ce déni n’est-il pas enraciné dans une autre croyance : celle d’un progrès du confort matérialiste sans fin?
Après le lancement planétaire du film, l’événement Home se poursuit. L’invitation est faite au plus grand nombre d’individus possible de visionner le film d’ici le 14 juin. Le nombre de personnes ayant vu le documentaire sera alors compilé et constituera un manifeste adressé aux dirigeants du monde.
Par ailleurs, suite à la diffusion du film, la fondation Suzuki propose à la population de tenir des forums, des tables de discussion autour du thème : «Imaginez le monde tel qu’il pourrait être dans 10 ou 15 ans.»
Voilà de belles occasions de réflexions sur nous-mêmes et les liens que nous entretenons avec la nature, de belles occasions de prendre conscience de nos responsabilités et d’apprendre du monde qui nous entoure. Comme l’écrit la philosophe Délia Guzman Steinberg « Étudier la nature rend humble.» Si en effet nos temps demandent l’action, ils demandent une action éclairée par un amour de la sagesse.
Le cinéma n’est pas que du divertissement. Yann
Arthus-Bertrand et Luc Besson ont réalisé le film HOME
qui est lancé mondialement aujourd’hui, le 5 juin 2009.
Ce film est un message écologique qui vise à changer les
habitudes des citoyens et des dirigeants du monde.
Yann Arthus-Bertrand déclare : « On
nous parle de la fin du pétrole, de la perte de la
biodiversité, du dérèglement climatique. Les
scientifiques nous disent que les espèces sur la Terre
s'éteignent à un rythme mille fois supérieur au rythme
naturel, ou encore que l'élevage industriel produit plus
de gaz à effet de serre que les transports. On nous
dit...
Mais est-ce que nous modifions pour autant notre
façon de vivre? On ne change rien. On continue comme
avant. Préférant croire que c'est toujours d'ailleurs,
de l'autre, que vient la responsabilité... »
Pour que le film ait l’impact
souhaité, les organisateurs veulent qu’un maximum de
citoyens partout à travers le monde regardent le film
dans les 24 heures du 5 juin 2009, soit lors de la
Journée mondiale de l’environnement.
Le film est
disponible gratuitement sur internet, à la télévision,
sur DVD et dans des projections spéciales, comme à
Montréal au Palais des congrès à 19h30 :
http://www.davidsuzuki.qc.ca/accueil/concours
Tel était le thème du 5ème Congrès mondial de l’éducation relative à l’environnement qui s’est tenu du 10 au 14 mai dernier à Montréal.
Le sujet a de quoi nous interpeller et demande qu’on s’y attarde sérieusement, puisqu’il s’agit là des défis majeurs qui nous attendent et qui attendent les générations futures.
Le programme du congrès relatif à l’environnement comptait des centaines de conférenciers et de délégués venus des cinq continents afin d’échanger et de d’apporter des éléments de réponses aux trois problématiques suivantes :
● Comment l’éducation relative à l’environnement peut-elle enrichir le sens de nos vies?
● Comment peut-elle contribuer à l’innovation sociale?,
● Comment peut-elle contribuer à l’innovation politique, et influencer les politiques publiques?
Voilà un questionnement majeur qui contribue à la réflexion qu’il nous faut faire devant la crise environnementale à laquelle nous sommes confrontés. Cependant le défi est de taille quand nous constatons que nos sociétés modernes ne savent plus reconnaître l’intelligence de la nature.
«Les gens ont perdu actuellement le rapport à la nature. Nous croyons que l'éducation relative à l'environnement doit le reconstruire et nous devons trouver des moyens concrets d'y arriver» mentionne madame Lucie Sauvé, co-présidente du Congrès.
S’il nous a fallu quatre siècles pour perdre ce rapport à la Terre avec tous les déséquilibres que cela engendre, il nous faudra certainement des générations d’éducation, d’amour, de volonté et de transmission d’une culture en harmonie avec la Nature pour le retrouver, pour renouer avec le sens de la vie et des valeurs profondément humaines et redécouvrir enfin à nouveau l’art de vivre ensemble.
Le philosophe Pythagore ne disait-il pas : « Je ne suis pas sage, je suis un ami de la nature et la nature est sage. » Il est grand temps de revenir à l’essentiel et de semer les graines d’un monde nouveau et meilleur qui ne peuvent germer que dans le cœur de chacun.
La logique de notre époque veut que la majorité ait toujours raison. C'est pourquoi on fait des sondages, des statistiques, des "focus groups" pour savoir ce que pense la majorité. Cela nous réconforte de prétendre pouvoir tout quantifier. C'est la loi d'un monde matérialiste.
Or le prosélytisme matérialiste a envahi depuis longtemps la sphère psychologique qu'il a contaminée. Ainsi, on a réduit cette sphère pour qu'elle soit toujours tournée vers le bas, vers l'excitation, les appétits et les instincts. Quant à l'autre fonction psychologique, celle qui relie l'humain aux Principes, elle est endormie.
Il en résulte que l'on agit aujourd'hui sans principe transcendant pour diriger ses actions. Il ne reste que les actions vidées de leur sens. Et l'on compense le manque de sens par une croissance exponentielle de l'agitation.
Le temps disponible s'est rétréci. Il ne reste plus de temps pour la contemplation des principes, pour savoir où l'on va individuellement et collectivement.
La société "moderne" a comme moteur le devenir linéaire, un avenir évanescent dont nul ne connaît l'aboutissement. C'est le credo illusoire du progrès continu, la foi aveugle à la croissance économique et au bien-être matériel.
Et quand ce "progrès" déraille lors d'une crise, il faut vite colmater les brèches pour éviter que des individus se rendent compte de l'absurdité de cette course folle vers l'autodestruction.
Pour mieux contrôler les individus, le dogme matérialiste a envahi la sphère sociale, rabaissant tout au niveau le plus bas. Le nivellement mène à l'uniformisation, c'est-à-dire à la pensée unique.
Alors ceux qui ne pensent ni ne vivent "comme tout le monde" sont considérés comme stupides (s'ils sont isolés) ou dangereux (s'ils sont organisés). Il y a diabolisation de ces "marginaux", comme on l'a vu en plein XXIe siècle avec les exagérations reliées aux nations prétendument terroristes.
La vraie terreur vient de la décadence même de la société matérialiste qui porte en elle les germes grandissants de sa propre destruction. Par le rabaissement de la vie aux choses mondaines, on promeut l'individualisme, les divisions, les fractures.
Les désirs vont grandissants, de sorte que les conditions du bonheur sont toujours repoussées plus loin, comme un mirage rendu inaccessible pour la plupart des gens qui n'auront jamais les moyens de "se payer le bonheur".
Face à l'histoire, à ces consciences qui furent nos ancêtres et qui construisirent des sociétés traditionnelles - c'est-à-dire reliées et guidées par des principes transcendants - nous sommes minoritaires. Nous sommes l'exception, et peut-être l'erreur à en juger par la dégradation du monde actuel.
Il est pertinent de réaffirmer et de tâcher de vivre un mode de vie dont les mobiles dépassent les strictes nécessités matérielles.
Nouvelle Acropole a tenu récemment en Croatie un symposium international de philosophie avec la participation de plus de 500 chercheurs provenant des quelque 50 pays où est implantée notre organisation internationale.
Le thème proposé était le Nouveau Moyen-Âge.
Les participants ont travaillé à vérifier si effectivement, comme certains penseurs le disent, les signes des temps actuels présentent des caractéristiques
néo médiévales, étant donné que nous sommes depuis quelques années dans une phase de transition dans nos modèles politiques, culturels, économiques - tel qu’il y en a eu tout au long de l’Histoire.
Il y a 30 ans, quand Jorge Angel Livraga, Furio Colombo et Umberto Eco, entre autres, émirent l’hypothèse
néo médiévale, plusieurs pensèrent qu’il s’agissait d’une métaphore qui, si elle devait se convertir en réalité un jour, ce ne pourrait être que dans un futur lointain.
Aujourd’hui, le moyen-âge paraît avoir pris racine dans notre monde avec ses caractéristiques spécifiques qui le différencient de la période précédente, soit celle qui suivit la désintégration de l’Empire romain en occident.
La crise économico financière que nous vivons actuellement, résultat d’une crise plus profonde de caractère moral et psychologique, serait un de ces symptômes qui devraient amener les citoyens à modifier grandement leur attitude face à la vie, à réviser leurs valeurs et leurs perspectives.
Les travaux présentés lors du symposium manifestent la variété de nuances et d’intensité que présente ce nouveau moyen-âge, en fonction de nombreux facteurs dont l’origine géographique des chercheurs qui ont présenté leurs recherches.
Une caractéristique parait commune à tous les moyens-âges en général - et à celui présent en particulier : l’insécurité qui s’installe dans tous les domaines de la vie (et pas seulement l’insécurité qui affecte les villes), jointe à la menace permanente de pauvreté et de marginalité qui affecte des pans entiers de la population.
L’avenir est chaque fois plus incertain. L’intégrité des personnes se voit menacée même dans les mouvements les plus quotidiens, car le danger se répand partout. L’incertitude menace aussi la santé car on dénombre des foyers de maladies contagieuses sous forme de pandémies qui rappellent les terribles pestes médiévales qui décimèrent la population.
Face à cette situation, aux couleurs apocalyptiques, Nouvelle Acropole réaffirme sa tâche éducative car le développement des qualités spirituelles et morales est la meilleure façon de trouver de nouvelles clés qui orientent la Renaissance souhaitée de tous. Il nous faut continuer d’accroître nos efforts pour aider les plus défavorisés à traverser cette ère de la manière la plus digne possible.
C’est le moment de recourir aux immenses réserves de connaissances et de sagesse pour retrouver les clés d’un nouveau cycle plus juste qui permettra à l’humanité de dépasser les désastres et les crises, comme cela se fut réussi en d’autres moments de l’histoire.
Il est toujours intéressant de s’interroger sur la signification que l’on attribue aux mots, ils révèlent souvent certains aspects des valeurs d’une société. Dans notre monde contemporain par exemple le mot « responsabilité » est devenu lourd de sens. Si d’abord on l’a compris dans le fait d’être responsable de ses actes, on l’a ensuite trop souvent réduit à la notion de culpabilité jusqu’à en gommer les autres sens. Le responsable est alors devenu un coupable. Comme si responsabilité rimait désormais avec culpabilité.
De là à ne plus trouver de responsable et à la déresponsabilisation collective il n’y a qu’un pas. Bien difficile de trouver des responsables par les temps qui courent. Pourtant, nous ne pouvons faire face aux défis du monde actuel sans raviver le sens de la responsabilité humaine.
Un article de la philosophe Laura Winkler publié récemment dans la revue française Acropolis rappelait l’étymologie du mot « responsabilité qui vient du latin responsum et de respondere et signifie se porter garant, être conscient de ce dont nous pouvons répondre ». L’individu responsable a la capacité d’assumer ses actions et de faire face à la réalité en prenant en charge des fonctions collectives.
Dans un texte récent, Michel Venne éditorialiste québécois écrivait « Le temps des responsables est venu. C'est un temps exigeant. Nous avons un peu de mal à entrer dans cette ère nouvelle. Cela s'explique entre autres par le fait que pour exercer des responsabilités au-delà de nos intérêts personnels, nous avons besoin de croire que les autres feront de même. Pour cela, il faut qu'existe un certain consensus en faveur d'un idéal partagé, d'une mission commune, d'une finalité rassembleuse. »
Les visions du monde fondées sur les lois du vivant présentes dans toutes les philosophies traditionnelles nous offrent cet idéal commun dont l’humanité a actuellement besoin pour agir de façon coordonnée. Comme le philosophe Jorge Angel Livraga l’a écrit “Notre liberté n’est pas celle d’abandonner les obligations, mais celle d’assumer les responsabilités.»
Toutes les grandes corporations
doivent aujourd’hui arborer leur
valeurs sur leurs site web.
C’est une question d’image. Ce
pourrait être une question de
gouvernance, mais il y a loin de
la coupe aux lèvres. Encore
aujourd’hui, on a l’impression que
les PDG des grandes
organisations arborent
systématiquement un sourire de
Ronald Mac Donald lorsqu’il est
question de valeurs.
Souvenons-nous de ce dirigeant
d’une multinationale que l’on
voit dans le documentaire « The
Corporation ». Il tournait une
vidéo exprimant les valeurs et
symboles de l’entreprise. Il
évoquait l’image de l’aigle :
noblesse, force, élévation ,
avec un regard pénétrant etc… À
la fin, ignorant que la camera
tourne toujours, il se lève en
échappant : « Ok guys, enough
bull shit. »
Tout est là. Les entreprises ont
besoin des valeurs mais ne le
savent pas encore. Elles se
plient à la pression de la
population qui demande un peu
plus d’éthique, mais n’y croient
pas encore.
Les quelques efforts sincères
sont encore immatures. On
confond valeurs et déontologie.
Une valeur n’est pas une simple
règle de comportement. Selon
René Villemure, fondateur de
l’Institue Québécois d’Éthique
Appliquée, « Les vraies valeurs
ne sont pas un moyen d’Atteindre
un but, mais le but lui-même.
Une valeur ne doit pas répondre
au « comment », mais au «
pourquoi ».1
Un nouveau terme d’allure
comptable fait son apparition :
le « Retour sur Valeur ». Mais
tant que les entreprise
continueront de percevoir
strictement l’humain comme un
actionnaire ou un consommateur,
elles auront de la difficulté à
trouver un véritable intérêt
dans les valeurs.
Il y a un obstacle de taille :
Un être humain doit vivre avec
les conséquences de ses actions
et de ses paroles. Une
corporation peut vendre son nom
ou faire faillite pour
réapparaître sous un autre nom
le jour même, libérée de toute
obligation, responsabilité,
scrupule…
Le critère de la vérité est
toujours le rendement pour
l’actionnaire ou les dirigeants.
Tous deux des humains qui ont
des familles et vivent dans une
société. Mais en tant
qu’actionnaire ou PDG, ils sont
des abstractions déshumanisées.
La preuve, l’actionnaire, sans
le savoir, c’est souvent vous et
moi …
1À
quoi servent les valeurs?
Revue Les
affaires, 1er avril 2009, cité
par Kathy Noël.
C’est il y a 40 ans, en 1969, que John Lennon et Yoko Ono enregistraient la chanson «Give peace a chance» lors de leur fameux bed-in à l’hôtel Reine-Elizabeth de Montréal. Cette chanson allait être reprise pendant des années lors de protestations partout dans le monde comme un cri de ralliement contre les conflits et les guerres.
À l’image des stars John et Yoko, des jeunes et moins jeunes tentaient l’expérience de la vie de hippies. Rapidement, ce mouvement bascula de son aspect idéaliste vers le côté hédoniste et il n’en resta que la négligence d’une hygiène élémentaire, la promiscuité sexuelle et l’usage de drogues.
La chanson est restée mais qu’en est-il du travail pour la paix? Il se divise en deux voies.
La voie officielle via entre autres les négociations de paix entre pays ennemis et les missions de paix de l’ONU. Et la voie citoyenne basée sur le militantisme fléchissant de simples citoyens dont les manifestations publiques ne font même plus l’objet d’un entrefilet dans les journaux locaux.
L’impulsion idéaliste et révolutionnaire des années 60 était bien authentique mais elle n’a pas trouvé une terre fertile dans un assez grand nombre de ses protagonistes. Car en plus de manifester pour un Idéal, il faut aussi s’en rendre digne.
Selon les enseignements légués par le patrimoine spirituel de l’humanité, la première lutte doit se livrer à l’intérieur de chaque être humain. Il est difficile de gagner cette lutte sans lumière, sans armes, sans connaître nos propres antagonismes intérieurs. Ce pourquoi de tout temps il y a eu une formation intérieure qui amène chaque personne a révéler le meilleur d’elle-même.
Si aujourd’hui cette formation intérieure est peu considérée, c’est que la formation académique « officielle » pour l’obtention d’un diplôme occupe toute la place.
Mais quel pouvoir défend à tout prix cette formation officielle qui délivre des diplômes ne garantissant en rien un comportement éthique, comme nous le démontrent les acteurs financiers de la crise actuelle.
Quel pouvoir crée des coalitions pour envahir des territoires pour s’accaparer les richesses qui s’y trouvent au détriment des populations locales?
Alors une chanson suffit-elle pour apporter la paix? Non si cette chanson n'est pas préexistante, comme un hymne dans le cœur des hommes et des femmes qui sont entrés « dans un processus de paix » avec eux-mêmes et avec les autres.
S’il est vrai que les défis de
la civilisation actuelle nous
obligent à revoir en profondeur
nos valeurs et nos priorités,
aujourd’hui, plus que jamais, il
nous faut aussi réévaluer nos
compétences et nous interroger
sur ce dont nous aurons besoin
pour affronter un avenir que
nous avons nous-mêmes assombri.
Dans son livre Cinq formes
d’intelligence pour affronter
l’avenir, le psychologue Howard
Gardner se questionne sur les
dispositions et les qualités à
cultiver pour répondre à la
présente crise mondiale.
Dans le paysage social
contemporain, ses conclusions
étonnent. Plus question ici de
comprendre l’intelligence en
terme de quotient intellectuel
ou d’agilité mentale mais bien
plus de compétences humaines. Il
en a retenu cinq qu’il estime
fondamentales pour traverser
avec succès des temps instables
: la discipline, l’esprit de
synthèse, la créativité, le
respect et l’éthique. Ces vertus
ne sont pas nouvelles, de tout
temps elles ont constitué les
bases de la formation du
caractère dans les sociétés
traditionnelles.
Réactualiser ces valeurs
atemporelles, dont certaines
semblent avoir été rejetées
depuis longtemps par notre
culture, est aujourd’hui
essentiel à la survie de
l’humanité. Mais encore, la
question qui se pose est bien de
savoir comment pouvons-nous
faire émerger ces qualités chez
les individus alors que dans
notre société, le mode de
fonctionnement pour transmettre
la connaissance ne les reflète
pas?
Au contraire, les valeurs
temporelles de la modernité
continuent de donner préséance
à l’accumulation de
connaissances intellectuelles
plutôt que de favoriser le
développement de l’art de pensée
par soi-même. L’intelligence se
mesure en terme d’aptitude à
absorber des quantités de
données que l’on va par exemple
pouvoir régurgiter sous la
pression des examens.
Le
phénomène croissant des « smart drugs
» (Ritalin, Alertec, etc.)
chez les étudiants
universitaires et chez les
professionnels, dont faisait
récemment mention un magazine
québécois, en est un exemple.
Nous sommes alors bien loin de
stimuler les formes
d’intelligence dont nous aurons
besoin à l’avenir.
Le développement de ces vertus a
déjà pourtant été présent dans
l’humanité dans toutes les
écoles de philosophie à la
manière classique qui visaient à
former des individus heureux,
épanouis, maître d’eux-mêmes et
créatifs, capable alors
d’assumer des responsabilités
dans la cité et de contribuer à
l’harmonie et à la paix sociale.
Voilà tout un programme de
formation du caractère. Les
résolutions à nos maux ne
passeraient donc plus par
l’accumulation de savoirs, ni
non plus par le développement de
nouvelles technologies ou
techniques mais bien par la
capacité d’incarner une qualité
d’être.
Depuis début février, le président Obama tente d’imposer des limites raisonnables à la rémunération des hauts dirigeants des banques sauvées de la faillite avec l’argent public.
Le Globe and Mail, révélait le mois dernier les abus scandaleux de plusieurs gourous de la finance qui se versent des dizaines de millions $ en bonus, juste après avoir reçu des dizaines de milliards d’aide gouvernementale.
Au Québec, on ne cesse de pleurer sur le sort de notre bas de laine que les gestionnaires, ivres de risques, ont précipité dans un gouffre dont les seules pertes de la dernière année dépassent les 25 milliards. Henri-Paul Rousseau et son équipe se seraient pourtant versé plus de 40 millions $ de bonus en 2006, époque de rendement élevé.
Un éditorial du New York Times du 4 février soulignait la nécessité d’une nouvelle culture de la rémunération des dirigeants afin de « contrer la passion destructrice du risque qui a mené le système financier à ce cataclysme. » Il s’agirait selon le Times, de mieux relier la rémunération au niveau de risque à long terme. Cela viserait à éviter que les gestionnaires ne deviennent des « gamblers compulsifs» aux parachutes dorés qui jouent avec l’argent du public…
Trouverons-nous un réconfort dans la récente victoire du MÉDAC, fondé par Yves Michaud, dit le Robin des banques? Selon Martin Vallières de la Presse : « La BanqueLaurentienne devient la sixième banque canadienne d’affilée en deux semaines à être contrainte par ses actionnaires à les consulter formellement sur la rémunération de ses hauts dirigeants. »
Réalisme, vision à long terme, responsabilité, saine gestion du risque et honnêteté. Voilà ce que la nouvelle culture de gouvernance financière serait appelée à devenir à en croire les pressions nouvelles.
C’est peut-être beaucoup demander à des corporations qui n’ont finalement d’autre mission que de générer plus de profits pour leurs actionnaires ici et maintenant et qui sont prisonnières d’un système pathologique par nature : la bourse. C’est qu’à la bourse, faire d’immenses profits ne suffit pas. Il faut en faire toujours plus, plus que le compétiteur, et plus vite, sous peine de voir l’actionnaire placer son argent ailleurs. Et l’actionnaire, qui est-ce?
C’est nous… bonnes gens.
Tant que nous penserons pouvoir tirer notre épingle du jeu individuellement pour être heureux dans un monde malheureux; tant que nous serons fascinés par la perspective puérile de payer 1$ de moins en achetant chez Wal-Mart et de gagner 1$ de plus en boursicotant, nous serons les vrais auteurs de notre malheur.
Et vous? Êtes-vous prêts à renoncer à votre parachute doré?
Le Premier ministre du Royaume-Uni, Gordon Brown, qui a
récemment estimé qu'un "Ouragan économique" a balayé la
planète, présidera à Londres, début avril 2009, le
sommet du G20.
Les "Grands" nous informent que la «
crise actuelle », doit plutôt être comprise comme "une
mutation financière et économique débouchant sur un
nouveau modèle de société". Aussi, cette conférence est
sensée poser les bases d'une "refondation du capitalisme
financier".(*1)
"Refonder" signifie reconstruire sur des bases, des valeurs nouvelles. Lorsque le verbe s'applique sur une réalité déjà existante, l'on doit comprendre qu'il s'agit de modifier ce que l'on croit nécessaire dans le but de conserver essentiellement la même chose. En l'espèce; "le capitalisme financier". Changer; oui, mais
dans le système, selon les règles du système, surtout pas ni mettre en cause
le système encore moins le changer.
Or, dit-on également, la "crise" est systémique. Même les "Grands" en ont comme une sorte de perception basique, ils parlent de "mutation". Évidement il s’agit d'une "mutation "financière, économique"; pas d'une mutation de la conscience humaine.
Mais si la crise est systémique et que son traitement consiste à réformer quelques mesures sans mettre en cause le système, faut-il vraiment s'attendre à une résolution ?
Les pays du G20 sont décidés à prendre "toutes les mesures nécessaires" contre la crise nous informe t-on. "Contre la crise" ? La crise est-elle un ennemi extérieur sorti de nulle part ? Une force extraterrestre ? Un coup du sort ? Une conspiration de forces terroristes ou occultes ?
En l'espèce il n'y a aucun ennemi extérieur, seulement le retour global, logiquement "naturel" et implacable, des résultats d'une certaine manière d'être, de penser, de vivre "à la manière occidentale", elle-même stricte application d'une certaine vision du monde, de la nature et des êtres humains.
Il y a peu Michel Girard signait une chronique intitulée
"La crise changera-t-elle le monde?" (*2) Sa réponse: "Non". Et d'expliquer qu'une fois la crise financière résolue: "l'appât du gain rapide et l'euphorie de la spéculation financière reviendront hanter les marchés financiers et s'inséreront dans la normalité de la vie financière"
(*1) Réunion du 22 février 2009 regroupant les 6 États "cœur de l'Europe" pour préparer le sommet du G20 sur la refondation du capitalisme financier
L'existence d'une crise mondiale est indéniable. Malgré
tout, l'espoir et le changement sont toujours bien
vivants*1.
L'espoir est une force positive qui regarde vers l'avenir
et qu'on éveille facilement. Cependant, répondre à l'espoir est un défi qui demande de grands efforts. Nous ne pouvons nous contenter de rêver ou d'attendre que le changement survienne par lui-même. Nous devons nous sentir responsables et agir pour que l'espoir se concrétise.
Comme l'enseigne la philosophie à la manière classique, les problèmes que nous rencontrons ne nous sont pas extérieurs. Le monde que nous construisons est une projection de ce que nous sommes à l'intérieur. En conséquence, il faut d'abord générer le changement dans les êtres humains, via leur propre transmutation, c'est à dire une transformation profonde et globale.
Pour faire de cette crise un tremplin vers la réussite, nous devons remettre en question le
"système", c'est à dire l'état d'esprit qui prévaut aujourd'hui. Nous sommes tous le
"système", avec un ensemble de croyances, d'assomptions et d'émotions qui déterminent comment nous interprétons et répondons aux situations.
Pour parvenir à changer le "système", il nous faut avoir ou acquérir certains
pré requis:
1. Compréhension claire que nous, en tant qu'humains, sommes le résultat du passé et les constructeurs de l'avenir.
2. Détermination ferme à accepter notre responsabilité.
3. Connaissance claire de tous les aspects de la situation: les forces motrices, les motifs, les vrais mobiles.
4. Courage et sincérité pour accepter et regretter positivement nos erreurs.
5. Courage pour avoir une volonté durable de corriger ces erreurs et de construire un mode de vie différent, plus sage.
6. Comprendre que l'optimisme consiste à considérer la situation comme un point de départ. Le changement appelle à l'action!
7. Le processus du changement implique d'apprendre et de pratiquer des façons différentes de penser, de sentir et d'agir, en se basant sur le discernement, la lutte active contre l'égoïsme, l'empathie et la sympathie, et le lien au riche et lumineux héritage de l'humanité.
La crise actuelle donne à l'humanité l'opportunité de re-polariser son attitude vers la vie, la société et la planète. Si nous visons un mode de vie qui soit en harmonie avec la nature, nous devons nous engager dans un sentier d'auto
transmutation.
*1 Ce "point de vue"
philosophique regroupe des idées recueillies lors d'un
récent séminaire animé par M.
Denis Bricnet, philosophe à la manière classique et consultant en communication.
La Ligue des droits et libertés a récemment publié dans Le Devoir (1) une lettre exposant les arguments justifiant l'opposition juridique au projet de règlement interdisant tout port de masque lors des manifestations à Montréal.
La lettre conclut que "ce qui devrait guider l’intervention d’un policier envers un citoyen n’est pas son allure, son accoutrement, ni le contenu désobligeant ou dérangeant de ses propos", (ajoutons ni le contenu véridique ou mensonger) "mais l’existence ou non d’un acte et d’une intention criminels."
Du coté de la loi et de l'impérieuse nécessité de sauvegarder 'l'état de droit" et d'éviter de (re)sombrer dans les diverses formes de dictatures de droit arbitraire, cette argumentation est claire, parfaitement sensée et incontestable.
Du point de vue de l'être humain, cette protection constitutionnelle exige de chacun une qualité éthique et morale solide, intégrale et - se basant sur la manière d'être et d'agir - indéniable.
Il ne faudrait pas que la protection juridique et
judiciaire des libertés fondamentales devienne
indirectement celle de la bassesse et du mensonge.
L'histoire montre que des lois relativement "justes"
résistent très mal à la dégradation de la culture et de la civilisation.
Si pour les réalités extérieures (objectives) chacun est
contraint par la loi, les réalités intérieures
(subjectives) échappent à ce genre de contraintes.
Personne ne se cultive ni ne se civilise par la
contrainte. La loi, via le système éducatif, peut
"imposer" l'absorption de certaines connaissances mais
elle n'a le pouvoir ni "d'imposer" ni de "forcer" l'éveil, le développement et l'enrichissement de l'Humain en l'humain.
Comme il est clair qu'aucune valeur fondamentale de culture et de civilisation ne peut ni s'imposer ni se forcer en qui que ce soit, autre chose que la loi doit intervenir. Il serait bon et utile que cette question tout aussi fondamentale que celle de la protection de l'état de droit fasse également partie du champ de l'active et intelligente réflexion collective.
Qu'un visage se couvre d'un masque peut être inoffensif
tant que l'intention n'est pas criminelle, mais cela peut
être, en même temps et en toute légalité, nocif si le
masque masque, travestît la vérité et répand le mensonge et la rumeur.
Sans oublier, bien sûr, que « ce qui, probablement, fausse tout dans la vie, c'est qu'on est convaincu qu'on dit la vérité parce qu'on dit ce qu'on pense. » (Sacha GUITRY)
Un résumé de la situation en termes modernes.
L’humanité a travaillé de concert pendant des milliers
d’année pour domestiquer la nature et utiliser ses lois
généreuses pour rendre la civilisation possible. Après
des millénaires d’agriculture « Open source », c’est
maintenant l’ère de la « Microsoftisation » de
l’agrobusiness.
Quand la graine ne donnera plus de fruit.
Si vous avez déjà essayé de cultiver des tomates en
conservant les graines de vos propres tomates, que vous
aviez récoltées à partir de semences du commerce, vous
avez probablement été déçu… Et oui les marchands de
semences ont réussi l’impossible : ils se sont assuré
une clientèle captive. Ce n’est possible qu’en
confisquant la vie, puisque la vie est généreuse et se
reproduit gratuitement.
Toujours plus, plus vite, mais à quel prix? Ces semences commerciales sont des hybrides F1 dont les
fruits portent des semences dégénératives. Leur culture
produit souvent plus de revenus mais nécessite des
conditions capricieuses : plus d’engrais, plus de
pesticides et plus d’eau - car avec ces semences, on
troque l’adaptation naturelle qui rend les plantes plus
robustes contre des caractéristiques développées pour
les rendre commercialement plus intéressantes. Cela
expose les populations à des catastrophes car toute la
surface cultivable dominée par les hybrides devient
vulnérable aux diverses avaries.
Les Hybrides F1 exploitent la bio diversité
mais la tuent.
Les multinationales des semences ont besoin d’utiliser
des espèces assez différentes les unes des autres pour
produire un hybride commercialement intéressant.
Malheureusement, la domination des cultures hybrides sur
les marchés et dans les écosystèmes menace cette
biodiversité. Des milliers de variétés de plantes
anciennement utilisées sont déjà disparues. Seules les
plantes où poussent des billets de banque intéressent
les marchands de semences.
Encore une question philosophique…
Pourquoi? Pour qui?
Le contrôle commercial de l’alimentation mondiale par
des subterfuges comme la généralisation des cultures
stériles et les brevets sur la vie sont clairement au
détriment de l’espèce humaine. Sans être contre la libre
entreprise, nous pensons qu’elle devrait être encadrée
par certaines évidences. Il devrait être tout simplement
illégal d’utiliser des entourloupettes qui contournent
les lois intelligentes de la nature dans le seul but
intéressé de confisquer la vie pour la revendre.
Violence à l’école, intimidation, décrochage scolaire,
épuisement professionnel des professeurs, décidément
l’école se porte mal au pays et nombreuses sont les
histoires, qui ces jours-ci, ne cessent d’exposer les
failles du milieu scolaire et les souffrances
quotidiennes qui s’y vivent.
Et pendant ce temps, sous la pression de retenir les
étudiants sur les bancs de l'école, les professeurs doivent être «cools» et l’émule
de leurs élèves. Mais plus on demande aux enseignants de
s’engager dans ces avenues, plus les jeunes deviennent
désorientés. Ne trouvant plus de modèles pour les
guider, ils perdent confiance en eux-mêmes, perdent le
respect envers les adultes et décrochent.
Chaque enfant mérite de pouvoir rencontrer les rêves qui
l’animent et de s’ouvrir à toutes les dimensions de la
connaissance que ce soit celle de la science, de l’art,
de la société et de la philosophie afin qu’il puisse
identifier ses talents et les cultiver. Pour que ceci
soit possible, ce ne sont pas ses états d’âme que
l’élève doit apporter à l’école mais bien son attention
à un professeur qui l’inspire et transmet par l’exemple.
Le mot éduquer signifie «extraire de l’intérieur» le riche
potentiel de chaque individu. Aussi, il ne s’agit pas
seulement de transmettre aux jeunes des savoirs
encyclopédiques sur des matières, et c’est là que la
formation des Maîtres se trompent trop souvent, mais
bien plutôt d’éveiller la curiosité, d’allumer une
flamme, de transmettre la capacité d’apprendre à penser,
et surtout, d’offrir une voie de connaissance et de
maîtrise de soi.
Parler d’éducation, c’est parler de civilisation. Si
dans notre culture nous voulons que prédominent les
valeurs de respect, de dignité humaine et de
responsabilité, il faut permettre aux jeunes de les
acquérir. L’individu qui fait émerger le meilleur de
lui-même devient un être humain à part entière, capable
de relations humaines harmonieuses, capable de faire
fleurir ses talents et de les mettre aux services des
autres.
Comme l’écrit la philosophe Délia Guzman Steinberg
« Sans hommes dotés de vie intérieure, il ne peut y
avoir d’éducation qui éveille la vie intérieure chez les
autres. » Ce n’est qu’en retrouvant le chemin qui
conduit à l’humain que l’école retrouvera sa véritable
vocation d’éduquer.
L'auteur Geoff Colvin a compilé une série d'études sur ce qui caractérise les personnes qui excellent dans différents domaines, que ce soient des virtuoses en arts, des athlètes, des gens d'affaires, etc.
Il en conclut que la plupart des performers le sont devenus par une "pratique délibérée". Ils ne sont pas nés avec un talent tel qu'ils n'auraient eu besoin d'aucun effort pour qu'il se révèle. Il n'y a pas d'évidence scientifique d'une prédestination inscrite dans les gènes.
La Pratique délibérée est un mode d'apprentissage qui comprend entre autres :
- la conduite de l'apprentissage par un mentor,
appelé un "maître" selon la nomenclature de Colvin;
- des rétroactions précises par ce maître sur les erreurs commises;
- un effort mental exigeant et soutenu (même pour des activités physiques);
- des choix draconiens qui requièrent de changer son mode de vie;
- faire de son travail quotidien une pratique, et non y perdre son temps.
La Pratique délibérée est donc une méthode d'apprentissage qui se rapproche de celle des anciennes écoles de philosophie. L'apprentissage est dirigé, volontaire, intense, continu et donne des résultats qui dépassent l'ordinaire.
L'auteur a constaté certains traits communs aux personnes qui s'exercent avec une Pratique délibérée :
- leur prestation est toujours consciente et contrôlée, jamais automatique.
- ils ont développé des capacités de perception plus étendues que les autres. Cette perception raffinée leur permet d'anticiper leur propre avenir et de s'y préparer.
- ils pratiquent l'auto-observation comme s'ils étaient capables de penser à
propos de leurs propres pensées. Ils se regardent
eux-mêmes en action et se corrigent. -ils possèdent un
modèle mental riche et développé de leur domaine
d'excellence.
Ces traits particuliers sont aussi
semblables à ceux des anciens étudiants des écoles de
philosophie, à savoir un monde mental riche, la
conscience de soi, l'expansion du champ de perception,
l'aptitude à se corriger et l'anticipation.
Peut-être
alors vaudrait-il la peine de s'intéresser de plus près
non seulement aux anciennes méthodes d'apprentissage
mais au contenu philosophique de ce qui y était
enseigné.
"Pour rendre hommage à Gandhi et souligner son apport à l'humanité, la Ville de Brossard a dévoilé un buste à sa mémoire, le 30 janvier dernier" (Le Courrier du Sud - 7 février 2009).
La plaque indique que Gandhi fut un "Apôtre de la non-violence, (...) modèle de liberté et de démocratie". Excellent.
En 1890, un jeune Indien est introduit auprès de madame Helena Petrovna Blavatsky. Il s'appelle Mohandas K. Gandhi, il a trente ans. Celui qui allait devenir "Mahatma Gandhi" ("Grande Âme") n'oublia jamais cette rencontre qui fut pour lui la révélation de sa vocation spirituelle.
Voilà ce que Gandhi, lui-même en dit:
"Vers la fin de la deuxième année que je passais en Angleterre, je vins à rencontrer deux théosophes, des frères... Ils me parlèrent de la (Bhâgavad) Gîtâ... et m'invitèrent à lire le texte original dont ils possédaient un exemplaire (...) Un jour ils m'emmenèrent aussi à la Blavatsky Lodge et me présentèrent à Mme Blavatsky (...)
"(…) Ce livre (La Clef de la Théosophie de H.P. Blavatsky) stimula en moi le désir de lire des livres sur l'Hindouisme, et me délivra de la notion que les missionnaires m'avaient inculquée sur l'Hindouisme et selon laquelle il n'était que superstitions populaires"
"(…) L'enseignement donné par Mme Blavatsky, c'est l'Hindouisme dans ce qu'il y a de meilleur" (1)
La plaque n'évoque en rien celle sans qui le monde n'aurait pas connu "l'Apôtre de la non-violence" et ce "modèle de liberté et de démocratie". Manque de place certainement.
Mais comment comprendre que l'admirable film sur Gandhi ait “omis” ce moment historique capital ?
Faut-il croire que cette peur irrationnelle moderne de “l’ésotérisme” et la crainte, celle-ci fondée, des réactions réflexes irréfléchies, unanimes, violentes et fanatiques que la simple vocalisation du mot déclenche chez ses détracteurs matérialistes, dictent le choix du mutisme plutôt que celui de la vérité ?
Une chose qui relève des faits; Gandhi est la preuve de l’essence et de la nature de l’inspiration qu’éveille toute rencontre éclairée avec H.P. Blavatsky et toute étude sérieuse de son oeuvre.
(1) “Helena P. Blavatsky ou la Réponse du Sphinx – Biographie” Noël Richard-Nafarre. Éditeur: RICHARD-NAFARRE
Certaines superstitions ont la vie dure, comme celle de
croire faussement que l'astrologie sert à prédire
l'avenir et que la cause des événements se trouve dans
les étoiles.
C'est là plutôt une sorte de mélange d'horoscopie et
d'astromancie superstisieuses qui s'alimente aussi bien
de la crédulité positive ("j'y crois") que négative
("j'y crois pas").
L'astrologie postule l'existence d'un ordre naturel
harmonique qui opère dans toutes les dimensions de
l'univers et dans toutes les manifestations de la vie.
"Toute chose est reliée à toute autre, dans un continuum
espace-temps" disait Einstein.
Elle postule ainsi une correspondance de nature
symbolique, une "synchronicité", une coïncidence,
a-causale mais significative, entre le déroulement
d'événements au sein du cosmos et dans la conscience de
l'être humain.
Si l'astrologie peut user de la prévision, elle le fait
dans le même esprit que celui du mathématicien,
physicien et philosophe Henri Poincaré qui déclarait que
"mieux vaut prévoir sans certitude que de ne pas former
de prévision".
Mais attention, prévoir n'est pas prédire. Chacun
prévoit qu'il mourra mais qui peut prédire quand ? En
application d'une observation durable précise et d'une
compréhension évolutive approfondie des cycles naturels,
l'astrologie exprime une tendance possible, une
prévision "climatique", intéressant les individus et les
collectivités humaines.
Dans cette conférence (*1) "l'astrologie mondiale" dont
il s'agit correspond à l'étude de la relation a-causale
entre les cycles planétaires et des changements
caractéristiques dans la vie des collectivités humaines.
Dans une période de crise, plutôt que de rester coller
au lieu et à l'instant des événements. il est toujours
préférable de chercher à saisir ce qui se passe à l'aide
d'un cadre de référence et de compréhension plus large.
Il y a plusieurs cadres de référence possibles.
Parce qu'elle a pour objet essentiel de fournir un cadre
de référence permettant de donner un sens aux
événements, l'astrologie en est un.
Ajoutons que pour les deux conférenciers, la notion de
"crise" n'est pas celle d'un inéluctable et punitif
étrange destin, mais celle d'une situation sérieuse qui
appelle à une révision en profondeur du mode de vie
individuel et collectif ainsi que des valeurs qui les
sous-tendent.
Les crises sont essentiellement des opportunités
significatives de croissance. Elles rappellent aux êtres
humains leurs devoirs d'être humain. Elles interpellent
chacun et la communauté toute entière à contribuer
activement à l'édification d'une Humanité plus
spirituelle.
En idéogrammes chinois le mot "crise" est formé de deux
mots; "danger" et "opportunité". Alors si c'est ainsi,
quels sont donc, selon l'astrologie mondiale les dangers
et les opportunités de cette crise actuelle que chacun
pressent être plus qu'une simple turbulence éphémère ?
Samedi 17 janvier 2009: comme le fit en 1861 Abraham
Lincoln, Barack Obama, le président désigné des USA, est
arrivé en train à Washington.
Image chargée d'histoire, tant au passé qu'au présent,
ce train est parti de Philadelphie, là où en 1776,
Thomas Jefferson et Benjamin Franklin adoptèrent la
déclaration d'indépendance.
Le train s'est arrêté à Baltimore. Là, devant une foule
de 40000 personnes, bravant un froid sibérien, le
Président “elected” a délivré un discours dont nous
reproduisons cet extrait:
" Only a handful of times in our history has a
generation been confronted with challenges so vast. An
economy that's faltering. Two wars, one that needs to be
ended responsibly, one that needs to be waged wisely. A
planet that's warming -- although you can't tell today
-- from our unsustainable dependence on oil.
And yet while our problems may be new, what is required
to overcome them is not new. What's required is the same
perseverance and idealism that those first patriots
displayed. What's required is a new declaration of
independence, not just in our nation, but in our own
lives, our own hearts - from ideology and small thinking,
prejudice and bigotry, from selfishness and narrow
interests - an appeal not to our easy instincts but to
our better angels."
Ce puissant appel à la persévérance et à l’idéalisme et
cette sérieuse affirmation, parfaite injonction en fait,
à ce que chacun s’émancipe, dans son coeur et dans sa
vie, de l'idéologie, de la "petite" pensée, des
préjugés, de la bigoterie, de l'égoïsme et des intérêts
"étroits" résument à merveille ce que la philosophie à
la manière classique permet précisément d'atteindre.
Car le philosophe "à-la-manière-classique", c'est un
individu dont la pensée s'accorde durablement aux
valeurs humanistes fondamentales et qui accepte sans
concession leurs exigences et directives. Son mode de
vie en est à la fois la preuve irréfutable et le test
permanent. L’idéalisme est esprit, âme et corps.
L'appel est clair et précis. Cette "indépendance', cette
émancipation, est la voie de sortie. La seule voie de
sortie. Peut-être que les manigances mercantiles
réussiront à différer encore pour un temps l’efficience
de cette inexorable vérité, mais alors elle reviendra
sous peu avec encore plus de force: seule la mutation de
l'être humain, mutation réelle, profonde, globale,
altruiste et obéissante à l'ordre de la vie permettra un
monde nouveau et meilleur.
Alors, le sachant il faut s'engager résolument dans la
voie de l'apprentissage de la connaissance de soi et
opérer en soi même les mutations nécessaires. C'est cela
la voie "spirituelle"
Ainsi donc, quant à cette "indépendance"; 100% d'accord
monsieur le président.
Il y a quelques semaines le réseau CBC diffusait un
reportage intitulé 'Rude : Where are Our Manners'
(Impolis : où sont nos bonnes manières ?).
Le reportage
faisait état de la situation d'impolitesse de notre
société.
Selon les différents intervenants interrogés, les jeunes
de la «génération Me» (nés à partir des années 70)
auraient été éduqués et conduits vers des attitudes
égocentriques et narcissiques par des parents plus
préoccupés à gonfler l'estime de soi de leurs enfants
qu'à leur inculquer une saine considération des besoins
et intérêts d'autrui.
Cette situation nous amène aujourd'hui à constater
qu'une partie de cette jeunesse n'a pas une base
d'aptitudes relationnelles convenables pour la vie en
société.
Les jeunes, comme les moins jeunes, ont désespérément
besoin d'apprendre à nouveau les valeurs de base d'une
société harmonieuse telles la courtoisie, la politesse,
le civisme. Ces valeurs permettent aux humains non
seulement de vivre mais surtout de bien vivre ensemble.
Face à la complexité de la situation, quels sont les
moyens pour que tout être humain ait la possibilité de
conquérir et de mettre en pratique les valeurs
fondamentales sans lesquels ni l'individu ni la société
ne peuvent s'épanouir? Ces moyens résident dans une
juste perception de notre rôle historique – et cela,
seule la pratique de la philosophie peut l'enseigner.
Un problème est une difficulté dont les remèdes sont
connus. Lorsque les remèdes ne sont pas appliqués,
malgré la disponibilité des moyens et des compétences
techniques, les problèmes s'aggravent.
Mais ce n'est pas par manque ou ignorance des solutions,
c'est par pure déficience humaine.
Elle-même est un
problème; un problème crucial et essentiel. Les remèdes
sont connus: connaissance de soi, formation du
caractère, éveil et développement des qualités humaines
fondamentales. Si ces remèdes ne sont pas appliqués la
situation déjà aggravée empire.
Comme les choses sont devenues toujours plus compliquées
et difficiles on parle alors de "crise" mais le mot est
mal utilisé. Car une crise est différente d'un problème,
même d'un problème très aggravé .
Lorsque les remèdes connus ne fonctionnent pas, que les
règles de gouvernance habituelles sont inopérantes et
que les systèmes institutionnels, les conseillers, les
spécialistes, etc., sont eux-mêmes dépassés, l'on se
trouve devant une vraie crise.
Une vraie crise affecte le système en place et la
croyance en sa supériorité et invulnérabilité.
La résolution d’une crise implique de nouveaux modèles.
Il y a une crise parce qu'il faut modifier le système.
Si le système n'a pas la flexibilité pour procéder à sa
propre transformation interne l'on est en présence d'une
macro crise, comme celles qui font tourner les grandes
pages de l'histoire.
Une crise ni n'efface ni ne résout les problèmes
existants. Il y a dès lors deux fronts; les problèmes à
résoudre et la crise à assumer.
Si les problèmes offrent autant d'opportunités de
s'améliorer, les temps de crise sont toujours une
opportunité de comprendre comment se fait l'histoire et
d'y participer.
Mais pour apprendre comment se qualifier par la
résolution des problèmes et apprendre comment sortir
grandi, changé et meilleur de la crise, il faut être
conscient à la fois des problèmes et d'être dans un
moment de crise.
Nous entrons dans des temps de crise globale.
Car ce
n'est pas seulement une crise de la finance.
L'opportunité historique est celle d'œuvrer pour un
modèle fondamental nouveau reprenant comme motivation,
motif et mobile directeurs les valeurs fondamentales
universelles de l'humain et le sens entier de la vie.
Ces temps d'opportunités sont ceux de l'engagement
envers soi-même, envers les autres envers l'histoire.